Bleu et noir, telles sont les couleurs des costumes des religieuses au Gabon à l’époque de la domination française. Aux Sœurs bleues missionnaires appartient la couleur mariale, quand les religieuses gabonaises se voient imposer voile et pèlerine ébène, signe manifeste de ségrégation coloniale. De fait, les religieuses africaines sont soumises à la tutelle des Sœurs bleues qui établissent sur elles un véritable contrôle des comportements et des esprits. Toutes ces femmes doivent par ailleurs se plier au joug de l’autorité masculine des Pères spiritains.
Loin des portraits de religieuses passives et effacées, il s’agira d’interroger leurs stratégies, négociations et résistances à l’égard de la tutelle patriarcale et coloniale. En variant les échelles d’analyse, cette étude propose une réflexion autant transnationale (au gré des liens religieux tissés entre la France, le Gabon – et même l’Argentine en temps de guerre) que microhistorienne (au fil des jours d’une mission féminine en Afrique équatoriale).
Clélia Lacam, agrégée d'histoire et doctorante