L'Asie du Nord-Est est depuis plusieurs décennies, le théâtre de tensions internationales opposant les différents pays de la région. Entourée par quatre grandes supers puissances (Chine, États-Unis, Japon et Russie), la péninsule coréenne, de par sa situation géographique, y joue un rôle majeur. Lors de l’arrivée au pouvoir du Président sud-coréen Mun, on a assisté à un rapprochement sans précédent entre la République de Corée et la République Populaire Démocratique de Corée. Les rencontres au sommet entre Donald Trump et Kim Chŏng-ŭn ont également suscité beaucoup d’espoir. De leur côté, la Chine et la Russie ont toujours souhaité maintenir leur influence dans la région. Le géant chinois réfléchit aux futurs projets avec les deux Corées. Une possible réunification permettrait de développer les transports de marchandise de Pusan à Pékin sans plus avoir besoin de passer par la mer ou par les airs. En ce qui concerne Moscou, depuis que la dette nord-coréenne contractée sous l’URSS a été levée, les investissements possibles du Kremlin dans une Corée post-réunifiée sont de nouveau d’actualité. Elle pourrait notamment y transférer ses ressources en gaz à travers un réseau ferroviaire modernisé. Cependant, l’enjeu majeur pour Pyongyang est la fin des sanctions internationales qui empêchent véritablement le régime de pouvoir se développer. 

Malheureusement, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, on assiste à un nouveau climat de Guerre froide, venant doucher tous les espoirs entrepris lors du rapprochement inter-coréen de 2008. La Corée du Nord fournit désormais du matériel militaire à la Russie alors que la Corée du Sud fait de même avec la Pologne. Le Président sud-coréen Mun a laissé sa place en 2022 à Yoon, un chef d’État beaucoup plus conservateur, ayant une politique hostile à l’égard de Pyongyang. 

Olivier Bailblé, maître de conférences en études coréennes