Retour sur les premières conférences de l’année

Littérature et peinture, des sources inépuisables de découvertes…

Ce sont en effet à des découvertes que nos deux premières conférencières de l’année, Mesdames Michèle Souchet-Gavel et Jacqueline Duroc, ont invité nos adhérents accueillis dans l’auditorium de la Maison des associations la première semaine de « rentrée ».

En inaugurant notre nouvelle année universitaire avec la littérature haïtienne, Michèle Souchet-Gavel a voulu et su montrer comment « un roman est un miroir qui se promène sur une grande route, [qui] tantôt […] reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route » (Stendhal). Indissociable de l’Histoire de l’île avec un grand H, de Christophe Colomb à aujourd’hui, à travers la colonisation, l’esclavage et son refus, une république cher payée, une occupation américaine, des dictatures, la littérature haïtienne compose aussi avec les turbulences naturelles, séismes et ouragans…

Dans la première moitié du XXe siècle, l’imitation des classiques français a laissé place à une veine originale dont les auteurs, restés sur place ou en exil, se sont faits les porte-voix du peuple haïtien dans le respect d’une culture qui ne renie pas son héritage, notamment le vaudou. Si les textes sont très majoritairement écrits en français, les nombreuses expressions en créole haïtien dont ils sont émaillés nous rappellent le statut de langue à part entière de ce créole que beaucoup prennent pour un simple dialecte.

Parmi les auteurs connus et reconnus, nous pouvons retenir Jacques Roumain et Jacques Stephen Alexis, René Depestre ou Dany Laferrière, Lyonel Trouillot, Yanik Lahens pour n’en citer que quelques-uns, mais il nous en reste beaucoup d’autres à découvrir…

Michèle Souchet-Gavel a donné à son auditoire l’envie de lire leurs textes que la langue créole habille de poésie et qui invitent le lecteur à se laisser porter vers des imaginaires dépaysants.

Des découvertes, c’est aussi ce que nous a proposé Jacqueline Duroc lors de sa conférence consacrée aux Lumières de la nuit.

Avant l’éclairage nocturne électrique (1880), les lumières de la nuit étaient essentiellement la lune, les étoiles, les lanternes et réverbères à huile ou au gaz ; à l’intérieur, les bougies, les lampes à huile, les feux de cheminée. On pense évidemment à Georges de La Tour, ou, plus près de nous à Jean-François Millet… qui peint de mémoire dans son atelier.

Ce thème de la nuit trouve peu d’écho auprès des impressionnistes que leur intérêt pour les jeux de la lumière naturelle a poussés à bannir le noir de leur palette. Pourtant Edouard Manet peint un Clair de lune sur le port de Boulogne en 1868 et Claude Monet Le Port du Havre, effet de nuit en 1873 tandis que, cette même année, le peintre d’origine américaine James Whistler expose une série de vues nocturnes de la Tamise à Paris.

Mais la fée électricité séduit bientôt les post-impressionnistes pour qui les fêtes, les marchés, les feux d’artifice, les lampions, les cabarets sont autant de sources d’inspiration : des plus connus (Toulouse-Lautrec, Van Gogh) aux quelque peu oubliés, voire inconnus (Louis Anquetin, Eugene Jansson, Louis Hayet, Maximilien Luce) en passant par l’école de Pont-Aven (Émile Bernard, Ferdinand Loyen de Puigaudeau, Maxime Maufra, Henry Moret), tous représenteront des nuits « artificielles ».

Au XXe siècle nous trouverons Picasso, Ramon Casas, Kees van Dongen, Yann Schwitters, Robert Delaunay, Sonia Delaunay, Augusto Giacometti, Munch… avant Roy Lichtenstein et Peter Doyle.

Toutefois, nombre d’entre eux n’oublient ni la nuit « naturelle », dans la seule lumière de la lune et des étoiles, moment propice au rêve ou à la méditation, ni la nuit artificielle loin de la fête et des lampions (Oda Krohg, Eugène Jansson).

Jacqueline Duroc rappelle à l’auditoire qu’il est possible de découvrir ces artistes, leurs œuvres et plus encore au Musée d’art moderne André-Malraux (Muma) du Havre où l’exposition Nuits électriques est visible jusqu’au 1er novembre.