Le plaisir des oreilles avant le plaisir du palais…

Le 17 janvier 2020, l'UTL a accueilli les adhérents qui s'étaient préalablement inscrits à la Chambre des métiers pour partager une galette des rois précédée d'une conférence-concert animée par Guillaume Kosmicki et un trio de musiciens.

En l'absence de notre Président, Albert Foulon, souffrant, Jean-Louis Allier a fait un petit tour d'horizon des succès de l'année et présenté en son nom propre, au nom du Président, des membres du conseil d'administration et de l'équipe administrative ses meilleurs væux à tous les adhérents et partenaires de l'UTL.

Guillaume Kosmicki avait concocté un programme autour du jazz, Le Jazz de A à Z, avec projection d'images et, surtout, interprétation en direct d'un certain nombre de morceaux ponctuant les grandes étapes de l'histoire de cette musique née au Sud des États-Unis d'un brassage culturel entre les cultures d'origine des esclaves et des migrants.
La spécificité musicale du jazz est liée à la combinaison de deux gammes : en Afrique, la gamme comprend 5 notes alors que la gamme « occidentale » en a 7… Ceci permet de comprendre que des oreilles habituées aux seules gammes occidentales aient quelque peine à l'apprécier…
Trois Morbihannais, Sébastien Ducher au clavier, Richard Dagorne à la batterie et Mickaël Audreno à la basse, enseignants par ailleurs, en ont illustré in vivo chaque grande phase…
En effet, si dès le début du XIXe siècle, les Noirs n'ont pas eu l'autorisation de jouer de musique à quelques exceptions près (worksongs, spirituals), la guerre de Sécession a entraîné de nombreux changements dans le Sud, très ségrégationniste, et la migration vers le Nord d'esclaves désormais libres.
Du proto-jazz qu'était le ragtime, ce « temps déchiré » joué sur un piano (1870), en passant par le blues (pauvreté, police, drogue exprimées par la voix accompagnée d'une guitare ou d'un banjo), on arrive au jazz joué à New York ou Chicago dans de nombreux clubs fréquentés par les Blancs qui accueillent des groupes de musiciens Noirs, notamment pendant les années très mafieuses de la Prohibition : Duke Ellington, Count Basie, Benny Goodman jouent un jazz très écrit où l'improvisation est très restreinte (Caravane).
Cet encadrement s'accentuant dans les années 1940, des musiciens vont inventer le be-bop et se nourrir des æuvres de Stravinsky ou de Varèse. Au nombre de cette génération de jazzmen, Thelonious Monk, Charlie Parker, Dizzy Gillespie (A night in Tunisia).
Les années 1950 sont celles du cool jazz au timbre legato et aux notes fondues : retenons Miles Davis et, parmi les musiciens blancs, Chet Baker, meilleur trompettiste des États-Unis (My Funny Valentine, chanté par Sébastien Ducher pour le plus grand plaisir de l'auditoire).
Le (hard bop avec Art Blakey entre autres, expérimental avec un retour aux sources, accompagne le mouvement anti-ségrégationniste (Moanin').
Le modal jazz apparaît à la fin des années 1950, enrichi des apports de Debussy ou Ravel et jouant sur un décalage des gammes : Miles Davis lui donne ses lettres de noblesse.
Le (free jazz naît au début des années 1960, porté par Ornette Coleman, Archie Shepp (extrait d'une improvisation qui dure 20 minutes).
Les années 1970 sont celles de l'electric jazz, du jazz rock mais aussi des musiques du monde (Jimi Hendrix, Miles Davis avec Bitches Brew, Keith Jarrett, Herbie Hancock, Wayne Shorter et High Life : la contrebasse est remplacée par la basse électrique).
Aujourd'hui, le jazz a fusionné avec d'autres musiques, un latin jazz est né en Amérique latine (Chick Corea, Armando's rumba). On peut distinguer trois courants : le jazz « classique », le jazz expérimental (électro-acoustique, instruments exotiques) et le jazz populaire (rock, techno, rap) avec Brad Mehldau par exemple.
À l'issue très applaudie de cette prestation, les adhérents ont pu se régaler des galettes qui les attendaient à la sortie de l'amphithéâtre.