Deux frères issus de la petite noblesse prussienne de la fin du XVIIIème siècle. Que, apparemment, tout séparait : l’un fut un grand serviteur de l’État, ministre de l’éducation, ambassadeur, mais aussi un fin linguiste, parlant une vingtaine de langues ; l’autre, plus parisien que prussien, scientifique pluridisciplinaire, a “redécouvert” l’Amérique du Sud, sa géographie, sa flore, sa civilisation. En réalité, deux purs produits des Lumières, et qui, même séparés par des milliers de kilomètres, sont restés très proches, comme en témoigne une abondante correspondance.
La France n’aura retenu des deux – et encore – que Alexander, l’explorateur. En Allemagne, c’est surtout l’aîné, Wilhelm, qui est honoré, ne serait-ce que parce que la plus prestigieuse université de Berlin porte son nom. Alexander devra se contenter d’avoir donné son nom à un courant marin et à un... manchot.
Mais sans l’un et l’autre, sans doute le capital intellectuel de l’Europe ne serait pas ce qu’il est.
Louis Jourdan, ingénieur chimiste à la retraite