L’incertitude marque notre quotidien, car vivre c’est affronter sans cesse l’incertitude. De plus, la pandémie que nous vivons a installé au premier plan l’incertitude des savoirs, des pouvoirs et des existences ; elle a montré combien il est difficile d’évaluer les risques. Elle nous a mis face à notre vulnérabilité, tout autant qu’à la précarité de l’existence, faite de sinuosité, d’ambivalences, de contradictions.
L’incertitude n’est pas une des valeurs clés, reconnue de l’exercice de la médecine, elle en est pourtant indissociable. La reconnaître permet, lorsqu’elle est acceptée par le soignant et le soigné, une vraie coopération pour le plus grand profit du patient, de son diagnostic et de la conduite thérapeutique. Cette posture, propice à appréhender l’incertitude, est signe du développement d’une approche centrée sur la personne, qui se développe avec une relation égalitaire, solidaire et confiante.
L’équilibre est à construire entre les zones connues de « certitude », et celles plus mouvantes d’incertitude qui restent un moteur dans la pratique. L’incertitude n’est pas un échec, ni un manquement, ni un frein…c’est une réalité qui oblige à élargir le champ des réflexions avant de décider.
Quels sont les questionnements induits par le dialogue avec l’incertitude ? L’incertitude dans le soin oriente-t-elle vers une autre forme de savoir ?
Francine Friederich, docteure en philosophie, formatrice, coach, conférencière