En Bretagne, un discours moralisant global fondé sur la dénonciation des péchés a été massivement répandu par l’Église à la suite de la Réforme grégorienne du XIe siècle, par la diffusion de textes et la production d’images, en particulier des sculptures. À partir du XIVe siècle, l’État ducal et ses instances culturelles lui emboitent le pas dans cette entreprise de culpabilisation, par des discours dénonçant les travers de la société dans toutes ses composantes. Ainsi, se construisent des identités d’exclusion, liées à la religion et la nationalité, au statut social, aux âges ou au genre.
Cette conférence portera plus particulièrement sur l’instrumentalisation des péchés de genre, contre les femmes et les hommes. Le corps devient l’objet de dénonciation de plusieurs vices : les femmes sont visées dans leur féminité et leur sexualité, afin de justifier un ordre patriarcal considéré comme immuable. Quant aux hommes, ils sont distingués selon leur niveau social : les excès de la gourmandise et les abus de la paresse permettent de dénoncer les catégories populaires ; le vice de la cupidité concerne plutôt certains puissants ou les ambitieux bourgeois.
Laurent Guitton, agrégé et docteur en histoire médiévale