10 années d’aumônerie hospitalière, cela vous décape, vous bouscule, vous transforme. Je l’ai ressenti dans ma vie de femme, d’épouse et de mère mais aussi et surtout dans le cheminement de ma vie intérieure, car, j’ai reçu à l’hôpital de nombreuses leçons de vie. Ce qui m’a passionnée dans cette mission, c’est que je me suis sentie membre d’une Eglise qui, comme le dit le pape François, va aux périphéries. L’hôpital est l’une d’entre elles. Il est vrai, vous le savez comme moi, que le monde de la maladie, de la vieillesse, de la fin de vie, dans l’univers volatile et performant qui est le nôtre aujourd’hui, est un monde qui fait peur, qui gêne, que l’on entoure si possible de tabous. Cela a donné un sens particulier à ma vie d’être membre d’une Eglise qui porte le souci d’un autre affaibli, humain dans sa simple expression mais humain dans sa plus belle richesse, dans sa plus belle vérité. De plus, l’hôpital est le lieu de toutes les mixités : sociale, professionnelle, culturelle, pour ne citer qu’elles, et cela le rend éminemment vivant. La rencontre, là, ne permet jamais la routine, en tout cas, je l’ai vécu comme tel. C’est l’inconnu chaque fois que l’on toque à une porte et cela nous oblige à une adaptabilité, une ouverture et une capacité d’accueil de chaque instant.
Nicole Gillouard, ancienne aumônière hospitalière